Mot du fondateur
" Il n'existe pas de limites à ce que vous pouvez accomplir, exceptées les limites de votre propre esprit. " Darwin P. KINGSLEY
L’après midi du vendredi 12 août 2011, dans le hall du Ministère des finances, alors que je venais de passer 19 mois à la tête dudit ministère, j’avais organisé une rencontre d’échanges avec l’ensemble du personnel, et dans mon allocution, je reprenais la pensée du philosophe Gérard Papus, qui disait « ce n’est qu’en agissant au profit des autres que nous agissons en mode d’évolution, d’éclaircissement ; tandis qu’en agissant à son seul profit, nous agissons en mode d’involution, d’obscurcissement ». En réalité, cette interpellation que je lançais aux agents et fonctionnaires du Ministère des finances était une intime conviction de philosophie existentielle et d’idéal d’homme public qui m’avait toujours animé et que je tenais à partager, en vue de donner du sens au travail combien citoyen que ces hommes et femmes abattent au quotidien au profit de l’ensemble de notre pays.
Le hasard n’existe pas, dit-on. Cette maxime, dernièrement renforcée par l’essai des Bogdanov (La fin du hasard, paru chez Grasset en 2013), permet de situer la naissance et la marche de la Fondation Mapon, qui se veut une oeuvre au profit des autres, en vue de contribuer à l’évolution de la communauté, partant de l’espace qui m’a vu commencer ma destinée humaine.
Né à Lumbu-Lumbu, quartier pauvre et périphérique de Kindu, capitale de la province du Maniema, j’y ai côtoyé les multiples facettes du déni humain, tant en termes de services sociaux que de perspectives pour tout jeune y évoluant. Je n’oublierai pas des moments où le simple fait de voir un véhicule passer dans la rue attirait une foule d’enfants surexcités, courant derrière, juste parce qu’on voyait du matériel roulant à Lumbu-Lumbu très rarement. Combien de fois n’ai-je pas été choqué de voir de femmes enceintes effectuer de longues distances pour puiser quelques litres d’eau potable ? Le spectacle est long et symptomatique d’un macrocosme fait de reniement des fondamentaux existentiels : logement, scolarité, soins de santé, alimentation, et j’en passe.
Pourtant c’est bien ce même quartier aux contrastes multiples qui a posé les premiers pas de ma formation intellectuelle, de mon éducation morale et humaine, pour faire de moi un fonctionnaire au service de la nation congolaise, contribuant à donner à mon pays sa place dans le concert des nations.
Fort de ce parcours, je me suis forgé une conviction centrale à mon engagement en faveur des autres, des enfants, des femmes, des jeunes, bref de l’humain, pour leur donner des raisons d’espérer, leur ouvrir de nouveaux horizons plus prometteurs. En effet, si Lumbu-Lumbu peut engendrer un dirigeant de premier rang pour le pays, c’est qu’il y a encore des enfants qui ont tout le potentiel nécessaire de prendre la relève pour faire avancer ce pays. Il faut seulement leur donner les matériaux nécessaires : éducation, santé, pour mieux les préparer. Mais Lumbu-Lumbu, au sens symbolique, est disséminé dans toute la République.
En tant que Directeur général du Bureau central de coordination, BCECO, j’ai eu le privilège de sillonner tout le pays pour superviser des projets de développement communautaire, de protection sociale, de santé, d’éducation, de routes de desserte agricole, alors financés par les partenaires au développement et le gouvernement congolais. La leçon tirée de tous mes voyages dans toutes les provinces du pays est un appel à m’investir dans l’humain, si je veux espérer accomplir ma destinée.
La Fondation Mapon, réponse opérationnelle à cet appel, se veut un outil au service de la construction de la fondation humaine sur laquelle devra se bâtir l’avenir de notre pays, de mon pays. En offrant les bases nécessaires à cet édifice, la Fondation Mapon articule sa démarche sur des convictions philosophiques :
- Conviction que nous devons réellement nous mettre au service des autres ;
- Conviction que l’avenir du pays se prépare en offrant les mêmes chances à tous les enfants, sans distinction d’origine sociale ;
- Conviction que l’éducation et la santé demeurent les clés de production d’hommes et de femmes mus par des sentiments nobles de patriotisme et de civisme, et engagés à faire avancer le pays ;
- Conviction que la génération spontanée n’existe pas. Et que tout se prépare ;
- Conviction que la contribution de tous est nécessaire, dans un élan de solidarité pour nous mettre sur une nouvelle trajectoire plus humaine, indispensable pour un futur meilleur.
Alliant vision, volonté et engagement, la Fondation Mapon, porteuse de cette trilogie, et qui s’est fixée pour devise « Donner, c’est aussi offrir de la qualité », se veut une contribution à la noble mission de canaliser les talents latents cachés dans nos enfants, de ressortir les meilleures capacités incrustées dans les femmes, de mobiliser les énergies endormies dans toutes les couches de population pour créer une masse critique commise à l’avenir de la République démocratique du Congo. Et elle le fera avec passion !
La Fondation Mapon ouvre ses portes à tous les donateurs qui voudraient accompagner les actions déjà amorcées.
Ce livre, consacré aux activités de la Fondation Mapon, rend compte des efforts engagés ces cinq dernières années et des réalisations d’ordre social visant à améliorer le capital humain, notamment à Kindu dans la province du Maniema.
Au regard de la taille de mon pays, et des défis à relever, ce qui est accompli à ce jour par la Fondation Mapon reste encore minime, les possibilités étant tellement grandes. Aussi, ce livre est une invitation à tous les acteurs de développement, mais aussi à la jeunesse, à nous accompagner en vue de garantir la continuité, de stimuler l’innovation et à impulser la transformation. Ce, en vue du rayonnement et du développement de nos communautés.
Matata Ponyo Mapon